Éditorial

Avec ce numéro 5, notre jeune revue entre dans sa troisième année. Et nous avons voulu placer cette année 2017 sous le signe de l’espérance, malgré tout ce qui nous pourrait nous inciter à désespérer en ce monde « désenchanté » qui est le nôtre. Mais nous n’avons que ce monde-là, tout juste pouvons-nous pressentir, peut-être, un autre espace, si bien dit par le grand poète Rainer Maria Rilke : « Nous, nous n’avons jamais, pas un seul jour, le pur espace devant nous sur quoi les fleurs s’ouvrent infiniment. C’est le monde, toujours ». C’est à partir de ce monde qu’il nous faut espérer. Mais comment ? L’espérance nous est-elle donnée, comme la foi ? Ou bien est-elle un effort pour surpasser le monde et soi-même ? C’est à ces questionnements et à bien d’autres que ce nouveau numéro tente d’apporter quelques réponses sous la plume de ses contributeurs.

C’est tout d’abord Hans-Christoph Askani, professeur de théologie systématique de la faculté protestante de Genève, qui nous propose de penser l’espérance, justement, comme introduisant quelque chose dans le monde qui le dépasse radicalement, et ce serait un temps qui n’est pas le temps du monde, qui dépasse notre conception d’une limite ou d’une fin.

C’est ensuite Elisabetta Ribet, doctorante à l’Université de Strasbourg, qui engage une réflexion sur l’espoir et l’espérance à partir d’un dialogue imaginé entre le philosophe danois Sören Kierkegaard et le sociologue et théologien protestant Jacques Ellul.

Dans le domaine de la recherche, Evelyne de Mevius, doctorante à la faculté de théologie de Genève, nous propose une réflexion sur la (dés)espérance. S’appuyant notamment sur la Philosophie de l’Esprit de Hegel, elle s’interroge sur la capacité du droit à faire barrage à la violence dans les plus sanglants génocides du 20ème siècle.

Deux recensions viennent compléter ce numéro : L’une sur l’ouvrage de Jacques Ellul, L’espérance oubliée et l’autre sur le livre de Fabrice Hadjadj, Puisque tout est en voie de destruction.

Enfin, nous invitons tous nos lecteurs à notre colloque du samedi 29 avril au temple de la Fusterie, avec notamment la participation de Stéphane Lavignotte, pasteur, écrivain et théologien, et de Alice de Rochechouard, doctorante à l’École Pratique des Hautes Études à Paris, qui nous apportera son éclairage philosophique pour penser l’espérance aujourd’hui.

Jean-Yves Rémond
Doctorant à la faculté de théologie de Genève