Je suis la résurrection et la vie nous dit Jésus. Croyons-nous cela ?

L’échange qui a lieu entre Jésus et ses disciples, puis avec les sœurs Marthe et Marie au moment de la mort de leur frère Lazare (chapitre 11 de l’Evangile de Jean) développe tout un entrelacs de relations entre le fait de croire et celui de vivre. Ces deux réalités, ces deux phénomènes parmi les plus « intrigants » qui soient se retrouvent réunis dans des dialogues où, comme à l’habitude dans cet Evangile, l’ « ironie christique » (J. Grosjean) fonctionne à plein régime. Dans cette dialectique évangélique, Jésus proclame, souverain, à ses amis qui peinent à le suivre, un rapport absolu entre ce que croire et ce que vivre veulent dire. Croire, c’est vivre. Vivre, c’est croire.

Est-ce aisé pour nous de nous représenter les choses ainsi ? Est-ce que ce ne sont pas là deux choses que nous peinons à joindre tout à fait ? Croire, c’est un acte, un effort et une lutte parfois, un don et un appel que nous recevons dans notre vie, est-ce vraiment notre vie elle-même ? Et si, dans notre vie, la foi, le « croire » peuvent bien sûr prendre une grande place, se résume-t-elle à cela, est-elle entière contenue dans ce fait de croire ? Dans ce rapport si fort que Jésus instaure dans ces paroles entre vivre et croire, les deux termes se retrouvent de fait condensés et précisés d’une manière tellement intense que chacun des deux s’en trouve comme transformé. Si vivre, c’est croire et si croire, c’est vivre, c’est que l’un et l’autre sont à comprendre d’une façon que nous n’avions pas encore perçue.

Pas de surprise, donc, à ce que ces hommes et ces femmes qui ont affaire à Jésus tombent toujours un peu à côté de ce qu’il cherche à dire. Nous sommes comme eux, comme elles, répétant souvent des paroles sans vie, gardant des regrets ou des amertumes et pourtant remplis d’une attente que tout soit autrement. Sur ce chemin du Carême qui nous conduit à Pâques, qu’il nous soit donné d’approfondir ce « passage » à faire encore et toujours entre vivre et croire, croire et vivre. Que notre « vivre », que notre « croire » redécouvrent une intimité que le Christ a consacrée par ses paroles ardentes, ses actes étonnants et l’infini de sa vie.

Pour aller plus loin : L’ironie christique, Commentaire de l’Évangile selon Jean, de Jean Grosjean, Gallimard, 1991.