Je suis l'Eternel ton Dieu, qui t'ai libéré d'Egylte
« Je suis l’Eternel ton Dieu, qui t’ai libéré d’Egypte »
Si vous demandez à quelqu’un de votre entourage ce que lui évoque le mot liberté, probablement cette personne évoquera-t-elle la liberté de faire ou de ne pas faire quelque chose, d’aller à tel ou tel endroit, ou encore d’exprimer telle ou telle idée. Quand nous parlons de liberté, nous commençons par penser à quelque chose dont nous disposons (ou dont nous sommes privé.es) et qui nous ouvre des horizons de possibilités.
Dans la pensée biblique, la liberté c’est d’abord et avant tout un don reçu qui nous engage. Ce n’est pas quelque chose qui vient de nous et dont nous pourrions disposer à notre guise. Le paradigme de cette compréhension de la liberté, c’est le récit de la libération du peuple hébreu, guidé par Moïse, lui-même guidé par Dieu, hors du pays d’Egypte.
Le récit biblique met en scène une situation dans laquelle le peuple d’Israël se trouve en Égypte sous l’emprise d’un pharaon mauvais qui se préoccupe plus de préserver sa position de toute-puissance illusoire que de la vie de celles et ceux qui sont sous sa responsabilité. Dans cette situation, le peuple d’Israël se trouve dans une sorte d’apathie ou de sidération devant cette violence subie, dont seules les sages-femmes semblent capables de se secouer pour contre-carrer les ordre du pharaon exigeant la mort des tous les nouveaux-nés mâles.
Dans cette situation, le peuple n’est tout simplement pas en mesure de se libérer lui-même. Il doit être libéré.
Le Dieu biblique, YHWH, sera le libérateur son peuple, par amour pour lui. Cet amour-là est gratuit : ce n’est pas le peuple qui est aimable, c’est Dieu qui, par son amour, le relève de la fosse dans laquelle il est tombé. YHWH commence par libérer le peuple de Pharaon. La libération est longue, il y faut les sept plaies d’Egypte, jusqu’à la mort de tous les premiers-nés des familles égyptiennes, et l’engloutissement de l’armée de Pharaon sous les eaux de la Mer Rouge un instant ouverte pour permettre au peuple d’Israël de passer.
Toutes ces péripéties du récit révèlent le long travail de libération intérieure qui précède la libération extérieure. Pour que le peuple envisage seulement de partir, il faut d’abord que se fissure l’image d’un Pharaon tout-puissant, d’un Dieu d’Israël indifférent au sort de son peuple, d’un sort bien mérité pour le peuple. Et comme de telles images sont incroyablement solides, il y faut plusieurs coups pour qu’elles se fissurent et finissent par se briser, ouvrant la voie à une liberté jusque là inenvisageable.
Ensuite, et seulement ensuite, YHWH offre au peuple d’Israël une forme de liberté inusitée dans l’Antiquité : le peuple est placé sous la responsabilité de Dieu seul, à travers la Loi. La Loi dont la première Parole de Vie est « Je suis l’Eternel ton Dieu qui t’ai libéré d’Egypte ». C’est au nom de cette libération reçue que la Loi montre le chemin d’une libération à vivre et habiter tout au long de la vie qui s’ouvre. La liberté est offerte, et elle est exigeante car elle nous engage : elle nous rend responsable de ce que nous faisons de ce don reçu. La liberté chrétienne est à la fois une promesse et une tâche, c’est ce que nous explorerons dans cette nouvelle saison de Une Perspective à la foi.