La justice comme espérance

“La justice des hommes ne donne pas la paix, mais condamne au remords ou incite à la revanche… Toi seul le remets debout. Toi seul, d’un regard d’amour, transforme en homme celui qui vivait avec les loups.” Francine Cockenpot (L’agresseur, Ed. du Seuil, 1986)

En juin dernier, le Consistoire a validé les trois années thématiques proposées par le groupe de travail formé en 2022 : justice (2023-24), liberté (2024-25), responsabilité (2025-26). Le but de ces années à thèmes ?

Réaffirmer une manière de faire corps qui a fait la force du protestantisme réformé, à savoir :

  1. approfondir la réflexion : donner à penser aux croyants comme aux non croyants.
  2. et actualiser l’Évangile : faire résonner, en prise directe avec les défis d’aujourd’hui, la bonne nouvelle selon Jésus -Christ.

C’est donc la justice qui ouvre le bal en 2023-2024 pour s’aligner sur le « projet Salomon » mis sur pied par TemPL’OZ Arts autour du jugement du roi Salomon. Et c’est tout naturellement aussi le thème de la justice que l’équipe de «Une perspective à la foi» a choisi de décliner au fil de cette année.

Infiniment plus qu’un thème, plus simple mot, qu’un idéal, qu’une utopie régulatrice, ou même qu’un principe philosophique, juridique et moral fondamental, la justice dans la Bible est à la fois un cri de détresse et une espérance chevillée à l’âme, comme le rappelle la fin de notre déclaration de foi. Elle se termine en effet sur ce verset de la deuxième lettre de Pierre « nous attendons selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habitera » (2 Pierre 3,13), tout en rappelant que nous avons mission, en attendant cet accomplissement, d’annoncer le pardon gratuit de Dieu.

La justice, c’est un mot qui revient au moins 390 fois dans la Bible. Mais quelle justice ? celle des hommes, celle de Dieu ?

Si nous sommes appelés aujourd’hui à y réfléchir en tous domaines, ce n’est pas pour la simple beauté de l’exercice, mais pour tenter d’y gagner en cohérence dans notre vie sociale, professionnelle, politique, relationnelle, en tant que témoins que nous sommes de l’évangile de Jésus-Christ.

Et pourquoi pas y gagner aussi en intelligence ? Entendez en capacité de compréhension de nous-même comme des différents enjeux en présence qui président aux questions de notre temps, les grandes comme les petites.

Et si les différents courants théologiques qui composent notre église nous protègent de la pensée unique, le plus grand défi qui se présente à nous, dans cette entreprise, va être toutefois d’éviter tant la tentation d’aplatir la complexité des sujets abordés, que l’écueil du moralisme. En cela, il est bon de nous souvenir que dans l’entier de la Bible le « il faut /tu dois » est réservé à Dieu, au Christ, et à eux seuls.